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LES MYSTÈRES DE L’ILE SAINT-LOUIS

sombre. S’élançant du sein des broussailles, il présenta à Lauzun sa propre épée.

— Encore lui ! murmura Lauzun en le regardant sous son chapeau, encore lui !… Je vous remercie, monsieur, continua-t-il avec assurance.

Il n’hésita pas et il prit l’épée.

Cette fois M. d’Alluye rompit le premier, car dans les mains de Lauzun le glaive de l’inconnu rayonna comme l’éclair.

Lauzun attira le marquis dans un cercle d’épée éblouissant, il le fascina, et il le blessa rapidement au bras droit.

— Bien touché, monsieur le comte, murmura Barailles, mais où donc est cet homme ?…

Tous deux cherchèrent en vain l’inconnu, il avait fui.

— Monsieur le marquis, dit Lauzun à d’Alluye, excusez-moi, je me sers de l’épée des autres.

— Je serai toujours à vos ordres, monsieur le comte, reprit froidement M. d’Alluye.

— C’est moi qui suis aux vôtres, monsieur, objecta Lauzun, voulez-vous recommencer ?

Le duc de Roquelaure et le prince de Monaco intervinrent.

— Êtes-vous fou, marquis, dit tout bas Roquelaure à d’Alluye, et n’avez-vous pas su que madame Voisin, la fameuse devineresse, vendait, il n’y a pas encore deux ans, des épées enchantées aux badauds et aux bourgeois ? C’est avec une de ces épées que le comte vous aura sans doute touché, et cet inconnu qui lui est venu en aide si à propos… Rassurez-vous, vous prendrez votre revanche.

— Holà, hé ! monsieur de Lauzun, ajoutèrent à la fois Monaco et Roquelaure, là… qu’avez-vous donc à remonter si vite dans votre carrosse ? La maréchaussée de Paris est-elle à vos trousses ? Monsieur le comte, vous oubliez votre dépôt.