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LES MYSTÈRES DE L’ILE SAINT-LOUIS

— Mon cher maréchal, reprit Lauzun, c’est un service bien simple.

— Parlez, oh ! parlez, je suis à vos ordres, continua Roquelaure en s’inclinant.

— Voici de quoi il s’agit. J’ignore l’issue de cette rencontre, maréchal, et je dois, vous le concevez, prendre avant tout mes précautions.

— C’est trop juste.

— Je sais à l’avance que je vais avoir affaire en vous à un homme d’honneur.

— Comment donc !

— Mon cher maréchal, continua Lauzun sur le même ton sérieux, je n’ai jamais cru un seul mot des méchancetés qu’on débite de vous.

— Ah ! monsieur le comte…

— Non, vrai ; je vous tiens, au contraire de ce qui se dit, pour brave.

Roquelaure se mordit les lèvres…

— Voici quelques papiers concernant madame la princesse de Monaco. Jurez-moi qu’en cas de malheur…

— Je les lui remettrai. Comment donc ! cela est tout simple. Seulement, monsieur le comte, est-ce à elle ou à son mari ?

— À elle ou à son mari, mon cher Roquelaure. C’est à votre choix ; voilà qui est chose entendue.

Et Lauzun réprima un léger sourire d’ironie… Roquelaure prit le paquet et le serra avec soin dans sa poitrine sous son cordon. Cela fait, il reboutonna son pourpoint, et jeta en passant quelques paroles d’encouragement à M. d’Alluye.

— Le comte a peur, lui dit-il, et la preuve, c’est qu’il me confie déjà ses dernières volontés.

Lauzun, pendant ce temps, avait abordé le prince de Monaco.

— Ma conduite envers vous est impardonnable, je le sais.