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LES MYSTÈRES DE L’ILE SAINT-LOUIS

pour votre père me répond de celle que vous voudrez bien avoir sans doute pour votre protecteur et votre ami… Allons, ne pleurez plus, et songez d’abord à vous reposer ; aussi bien vous devez en avoir besoin, je pense. Ce cabinet est le mien, j’y travaille souvent la nuit ; il n’est séparé de votre chambre que par la cloison de ce corridor ; en frappant à cette cloison, vous m’avertiriez, reprit le vieillard. Mais pour plus de sûreté, je vais céder cette nuit mon lit à Ursule. J’ai certains papiers à mettre en ordre, et je dois demain être levé de fort bonne heure.

La jeune fille remercia Leclerc avec effusion, le partisan sonna dame Ursule, et la gouvernante tourna la clef dans la serrure de la chambre.

Un mot encore, mademoiselle, dit Leclerc à voix basse, au moment où elle entrait… Je n’ai oublié qu’une seule chose, c’est le nom que vous devez prendre.

— Paquette est le mien, répondit-elle timidement ; vous convient-il ?

— C’est un nom que j’aime, reprit Leclerc, pour cela il suffit qu’il soit le vôtre.

— Adieu donc et bonne nuit, ma chère fille, ajouta le partisan, avec un sourire d’intelligence.

Merci, mon bon père, murmura la jeune fille en suivant alors dame Ursule.

Ma fille ! mon bon père !… grommela la gouvernante en recevant l’ordre de Leclerc d’occuper son propre lit à côté de la chambre de Paquette. Qu’est-ce que cela veut dire ?

Dame Ursule n’osa pourtant interroger Leclerc, d’abord parce qu’il lui faisait rarement l’honneur de s’entretenir avec elle, puis il venait lui-même de couper court à tout interrogatoire en se mettant au travail, et en s’entourant de ses papiers.

— Par la Noël ! se dit la gouvernante, oh ! je saurai bien deviner demain cette énigme !