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LES MYSTÈRES DE L’ILE SAINT-LOUIS

Saisissant une écharpe de la comtesse, Saint-Preuil se laissa glisser contre la muraille.

– Sauvé ! murmura-t-elle en refermant la fenêtre… Sauvé par vous, ô mon Dieu !

Quand elle se retourna, la porte tombait dans la pièce avec fracas. Le front menaçant, les lèvres pâles de colère, M. d’Alluye entrait.

— Le prisonnier, madame, s’écria-t-il, le prisonnier ! Vous m’en répondez sur votre tête !

— Je ne sais ce que vous voulez dire, répondit-elle ; cherchez, monsieur le gouverneur, je ne cache ici personne.


VII

UNE MAISON DE LA PLACE ROYALE.


Profitant du privilège accordé de temps immémorial aux romanciers, nous sommes obligés d’esquisser à nos lecteurs la physionomie d’autres personnages qui réclament dans notre action une place impérieuse.

Vers cette même époque, les partisans[1] n’avaient guère moins d’alarmes à concevoir de leur position et de leur affaires dans le royaume que les calvinistes.

À ne considérer que la seule date des chambres de justice organisées contre eux depuis le procès du surintendant Fouquet en 1661 jusqu’à celles de 1716, et à se reporter aux mémoires de Gourville, on peut voir avec quelle rigueur ils furent persécutés.

Des fortunes scandaleuses, des dilapidations énormes nécessitèrent ces rigueurs ; nombre de ces hommes qui

  1. Nous avons déjà expliqué ce mot dans la première partie de cet ouvrage. Il équivalait à celui de financiers. Il existe un livre des plus curieux imprimé à…… Il porte pour titre : les Partisans démasqués ou l’Art de voler sans ailes. On peut voir, d’après ceci, que les financiers du temps de Louis XIII n’étaient guère plus respectés que les Rothschild de nos jours.