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LES MYSTÈRES DE L’ILE SAINT-LOUIS

— Par ici reprit la voix, qui semblait sortir du fond de la galerie.

Lauzun devint pâle, il porta la main à son épée ; saisissant le flambeau qu’il avait laissé, il courut vers cet endroit.

Dans l’obscurité produite au bout de la galerie par l’enlèvement subit des lumières que les valets portaient à la table de Lauzun, une forme humaine semblait se mouvoir.

Lauzun s’avança d’un pas assuré.

Il n’y eut que Cavoie et La Fare qui le suivirent, mais de loin.

Arrivé à deux pas de l’objet, Lauzun pencha son flambeau, et il vit un linceul blanc…

— Que veut dire ceci ? dit-il résolument. Ah ! mort ou vivant, je saurai bien te démasquer !

Et, de sa main crispée, il arracha le drap couvrant la tête du fantôme. Il vit alors un personnage d’une cinquantaine d’années, dont une large balafre lui traversait le front. Sa barbe et ses cheveux étaient en désordre, il portait à la main un livre de forme bizarre.

— Monsieur de Lauzun, dit-il d’une voix brève, et moi aussi, je m’invite ! Je m’invite à toutes vos fêtes… vous m’y verrez…

— L’homme de pignerol ! s’écria Lauzun en s’appuyant à l’une des colonnes de la galerie. La sueur mouillait les cheveux du comte, ses traits étaient bouleversés.

Au cri de Lauzun, Cavoie et La Fare volèrent à son secours.

— Là… là… murmura-t-il en leur montrant la place où l’homme lui avait parlé.

Cavoie et La Fare l’y cherchèrent en vain : le personnage mystérieux avait disparu.

En se baissant pour trouver sur le parquet la trace de son passage, l’un d’eux heurta un livre, qu’il ramassa…

C’était une Bible…