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LES MYSTÈRES DE L’ILE SAINT-LOUIS

— Ses créanciers ! je respire, dit le prince de Monaco il était temps.

— Je tremble, dit un financier.

— Je ne serais pas fâché d’être payé, dit Grammont.

— Je suis mort, dit du Lude, il me devait six cents louis.

« Item, dit la maréchale, je lègue à mes créanciers l’espoir de se voir un jour remboursés sous la seule condition qu’ils pourront trouver un homme aussi vaniteux que M. de Grammont, aussi bon écuyer que le prince de Monaco, qui tombe toujours, aussi fou que M. du Lude, et aussi laid que M. de Roquelaure.

— Pour le coup, ceci dépasse les bornes, s’écrièrent en se levant les courtisans désignés par M. de Lauzun. Chez qui sommes-nous, madame la maréchale, pour qu’on nous insulte par un écrit peut-être apocryphe ?… Montrez-nous ce testament, et voyons d’abord s’il est de l’écriture de M. de Laurun.

Et tous s’avancèrent vers la lectrice, le regard plein de courroux.

— C’est bien son parafe, dit le malheureux prince de Monaco tout ce qui me console, c’est que je ne suis pas son créancier.

— Mais nous le sommes nous deux, s’écrièrent de Grammont et du Lude.

— Et moi, je le suis aussi, dit le petit marquis de Lavardin d’un air furieux, à telles enseignes que j’ai voulu me battre avec lui. Il m’enlève un coup d’épée.

— Moi, il m’enlève un carrosse, dit la maréchale d’Humières, un carrosse qu’il m’avait promis.

— Moi, je perds une parure, dit madame d’Hautefort.

— Moi, j’aime mieux perdre avec lui, dit Roquelaure, et j’y gagne encore, car il m’eût donné quelque jour un coup d’épée.

— Vous ne perdrez rien, messieurs, dit une voix pleine et sonore, et dont le timbre seul fit tressaillir l’assemblée ;