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LES MYSTÈRES DE L’ILE SAINT-LOUIS

mademoiselle de Retz fouetta de nouveau : les deux coups du comte partirent.

Le postillon de Lauzun eut son porteur tué. Celui du carrosse bleu et ses chevaux n’eurent rien.

On riposta du fond du carrosse bleu.

Lauzun, furieux, s’élança de sa voiture, il ouvrit de force la portière du carrosse bleu.

À sa grande surprise, il trouva dans le fond de la voiture un homme enveloppé dans son manteau jusqu’aux yeux.

— Que veut dire ceci ? demanda-t-il.

— Ceci veut dire simplement, monsieur le comte, que mademoiselle de Retz a trouvé bon de prendre ma voiture, dit l’inconnu. Je me charge pour elle de vos commissions, car je la rejoins bientôt. Quant à vos pistolets, c’est galant à vous de n’avoir tiré qu’à poudre ! Postillon, ajouta l’homme en refermant la portière, tiens, voilà pour ton cheval !

Et il lui jeta sa bourse.

Son postillon, qui avait reçu ses instructions, comprit son geste, et il repartit comme l’éclair.


XIII

LA CELLULE.


Onze heures du soir venaient de sonner, Lauzun frappa un coup sec à la porte de son hôtel, traversa la cour d’un pas pressé, et se trouva bientôt dans la première pièce où Barailles l’attendait, en lisant un tome de mademoiselle de Scudéry avec courage.

Le comte était couvert de boue de la tête aux pieds, il se dégagea de son manteau, jeta son feutre aux mains de Barailles et se promena à grands pas, en donnant les signes de la plus vive impatience. Barailles suivait tous ses mouvements avec une profonde anxiété.

— Eh bien, Barailles, parle, M. de la Reynie est-il venu ? qu’a-t-il dit ?