Il distinguait déjà de plus près la couleur de la voiture…
Il pensait à l’admirable jeune fille qu’elle contenait, à Brancas le rêveur, à madame de Pontchartrain…
Il allait enfin reconquérir sa souveraineté sur l’opinion, sur la mode, tout cela par une audace calculée, mathématique.
— Riom ! s’écria-t-il ivre de joie, voici l’heure de l’assaut !
— Ah çà, mon oncle, disposons nos batteries. Je ne suis point jaloux de jouer ici le rôle de Bussy près madame de Miramon ; à vous l’honneur de l’attaque.
— Poltron !
— Écoutez donc, mademoiselle de Retz est aussi belle, pour le moins, que le fut mademoiselle du Lude. Son enlèvement fera à Paris un bruit d’enfer.
— Et c’est ce que je veux. Sans cela, je pars, je m’exile dès demain, je vais à l’armée.
— Mais s’il y a mort d’homme ?
— Je sais viser juste, je ne tuerai qu’un cheval.
— Pour un cheval, passe. Mais si, à son tour, M. de Brancas, dans sa distraction, nous prenait aussi pour des chevaux !… Enfin, je me risque.
— C’est heureux !
Le postillon du comte courait à bride abattue ; son pourboire était triplé. À quelques pas de la voiture bleue, il ralentit ses chevaux ; Lauzun distingua les armoiries du carrosse, c’était bien celui de mademoiselle… de Retz. Les mantelets de cette voiture étaient tous baissés. Le comte prit ses pistolets.
— Pas de résistance, cria Lauzun, rendez-vous de bonne grâce !
Pour toute réponse, le postillon du carrosse bleu lança ses chevaux à triple train.
Celui du comte ne se laissa pas gagner de vitesse, il fit si bien que les deux voitures se touchèrent.
— Si vous n’arrêtez, je fais feu ! cria le comte.
En dépit de cette injonction menaçante, le postillon de