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LES MYSTÈRES DE L’ILE SAINT-LOUIS

— Au nom du ciel s’écria le prince de Monaco hors de lui et qui remarquait l’embarras de madame de Monaco, ne sommez personne, et ne vous faites pas la complice des indiscrétions de M. de Lauzun.

— Le prince a raison, insinua Roquelaure ; M. de Monaco ne tient pas du tout aux surprises. Ni vous non plus, messieurs, continua-t-il en se tournant vers MM. d’Humières et d’Alluye.

La maréchale reprit :

— Pour vous plaire, je passerai donc aux legs. Ils sont assez nombreux, si j’en juge par cette copie.

— C’est cela, les legs, les legs, maréchale ! M. de Lauzun nous a assez pris pour qu’il nous rende.

— Le premier legs, continua la maréchale, concerne madame la princesse de Monaco.

— Ma femme ! Quelque prêt, sans doute, dit tout bas le prince à la maréchale, soyez prudente. Madame, ajouta le prince sur le même ton en s’adressant à sa femme, auriez-vous prêté d’aventure à M. de Lauzun ?…

« Je lègue, dit la maréchale en poursuivant sa lecture, à madame la princesse de Monaco les Mémoires de quelques gentilshommes aimés et pendus, avec dédicace au prince de Monaco. »

— Mémoires historiques, dit Roquelaure ; n’est-il pas vrai, mon cher prince ?

Le prince se mordit les lèvres. La maréchale reprit :

« Item. À mon bon ami le duc de Roquelaure, duc et pair… »

— Tiens, il a songé à vous, dit le prince de Monaco en raillant c’est d’un bon cœur.

« Je lègue audit duc de Roquelaure le miroir que m’a donné Mademoiselle. Cette glace a le privilège d’embellir tous les visages. »

— Je te le rendrai ! murmura le duc à voix basse, en se grattant l’oreille de l’air rancunier d’un singe fouetté.