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LES MYSTÈRES DE L’ILE SAINT-LOUIS

tice ont apposé leur cachet partout, le concierge est constitué gardien de tous les papiers de son hôtel.

— À minuit, Henri, vous pourrez facilement escalader le mur du jardin, de là vous monterez an cabinet de votre père.

— Quoi ! ce lieu secret où il avait l’habitude de se renfermer, d’où il m’écartait avec tant de soin ce cabinet où je vous ai vue entrer vous-même avec tant de trouble ? N’importe, j’obéirai, répondit Henri avec assurance.

— Vous trouverez en ce lieu, à votre gauche, une draperie qui recouvre une vaste armoire.

— Une vaste armoire, c’est bien.

— Cette armoire est de verre, ajouta mademoiselle Fouquet en pâlissant ; elle contient un cadavre.

— Un cadavre ! demanda Henri plein d’effroi, de trouble, d’étonnement ; et quel est ce cadavre ? que devrai-je faire ? Parlez.

— Le cadavre, Henri, est celui d’une femme morte. L’art d’un embaumeur lui a conservé quelque apparence de vie ; elle est encore vêtue de ses dentelles et de ses habits ; mais enfin c’est une morte.

— Et quelle est cette femme ? Pourquoi mon père a-t-il chez lui ce cadavre ?

— C’est son secret. En pressant le panneau inférieur de l’armoire, elle glisse sur ses gonds et s’ouvre aussitôt.

— C’est bien.

— Vous verrez, Henri, en approchant la lumière des doigts de la morte, une bague de forme étrange à sa main gauche. C’est un simple anneau de fer formant un cachet avec des armes.

— Continuez…

— Cet anneau, il faudra que vous le détachiez et me l’apportiez ensuite. C’est tout.

— Mais vous me proposez là un crime, un sacrilège ! Voler une morte ! mon Dieu !

— Je vous ai dit que ce talisman seul, — et cette bague