En effet, l’armoire était vide.
Lauzun, stupéfait, se plaça devant celle qui devait renfermer madame de Roquelaure.
— Que veut dire ceci ? se demanda-t-il à lui-même en pâlissant. Y a-t-il ici un magicien réel ? se joue-t-il de moi, ou bien ai-je le vertige ?
L’autre armoire était vide comme la première.
Lanzun chancela comme un homme frappé de la foudre.
— La surprise est pour vous, à ce qu’il paraît, mon cher comte, lui dit Roquelaure en se rongeant les ongles d’un air narquois.
Éperdu, troublé, Lauzun frappa du pied près de la troisième porte ; celle-ci, en s’ouvrant, donna passage à une espèce de masse informe enveloppée de dentelles, criant et gesticulant, parlant de meurtre, de vol, de lieutenant criminel, et finissant par sauter avec ses ongles au visage de Lavardin.
— Miséricorde ! s’écria Roquelaure quelque peu tenté de fuir ; cette fois c’est bien le diable !
— C’est ma femme reprit le maréchal d’Humières.
— M’expliquerez-vous, madame, ajouta le maréchal courroucé, comment je vous trouve sous les scellés de M. de Lauzun, dans une armoire ? Est-ce là une raison pour dévisager ce pauvre Lavardin ?
— J’étouffe de rage ! je me meurs s’écriait la maréchale. Mais c’est à lui seul que j’en veux… continua-t-elle, en désignant Lavardin. L’insolent ! me traiter de vieille folle !
— Moi, madame la maréchal, répondait Lavardin au comble de la surprise, de la honte, de la fureur. Eh quoi ! vous pourriez douter ?…
— Je ne doute pas, je sais tout. C’est par votre perfidie. Ne m’aviez-vous pas écrit de vous venir chercher ici, continua la maréchale, résolue d’accabler Lavardin par toutes les voies, fût-ce celle du mensonge. Vieille folle grommelait-elle, en montrant le poing à Lavardin, que Monaco et Roquelaure cherchaient à lui arracher.