Lauzun fronça le sourcil.
— D’où venez-vous, monsieur, et cette tenue convient-elle à un gentilhomme ? Retournez à l’Ours d’or, aux Barreaux verts ou à la Raquette ; j’ai à sortir…
— Et moi, répondit Riom, chez qui les paroles sévères de Lauzun chassèrent le vertige, j’ai à vous parler. Je viens, mon cher oncle, vous en apprendre de belles…
— Quelque dette, ou une querelle ramassée en méchant lieu, reprit le comte en haussant les épaules. Allez, Riom, au premier jour, je vous ferai interdire…
— C’est cela, bravo ! vous nommez cela de la reconnaissance, mon cher oncle ! Dévouez-vous donc encore pour les gens !
— Que veux-tu dire ?
— Qu’il y a de par le monde de plaisants fats, dit Riom en s’asseyant tranquillement. Lauzun ne vit pas Riom s’asseoir sans éprouver un certain effroi ; il fit cependant bonne contenance. Arpentant à grands pas la pièce où il se trouvait, il marcha en faisant signe à son neveu de parler.
— Riom est franc, et de plus il a bu, se dit-il, je saurai la vérité.
Riom commença d’un ton de solennité :
— Vous saurez d’abord, dit-il à Lauzun, que, depuis votre retour, j’ai cru me devoir à moi-même, mon cher oncle, de quitter le cabaret. Je me suis lancé dans le tourbillon de la cour et des intrigues.
Lauzun regarda Riom d’un air narquois.
— Après avoir pris mes degrés sous un maître tel que vous, ajouta Riom, il ne me manquait plus que de me voir attaqué et chansonné comme lui.
— Attaqué… chansonné… que veux-tu dire ? Quoi ! l’on oserait…
— On ose tout, mon cher oncle, lorsque dix-neuf ans ont passé sur la fortune d’un homme. Vive Dieu ! pendant ce temps-là les sots ont eu le temps d’amasser des nouvelles, les chenilles ont mordu à l’arbre à belles dents. Je ne dis