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LES MYSTÈRES DE L’ILE SAINT-LOUIS

En trouvant Paquette aussi pâle, la gouvernante crut d’abord qu’elle venait d’apercevoir quelque voleur.

Jésus Maria ! s’écria-t-elle, qu’avez-vous ?

— Ce que j’ai, Ursule, ce que j’ai… il n’y a pas un instant à perdre… un homme… un carrosse à la petite porte du jardin…

— Un homme… un carrosse ? demanda Ursule se frottant les yeux, en sautant en bas du lit.

— Mon Dieu oui, c’est lui, il monte… c’est son pas, êtes-vous sourde ?

— Oui, ce sont des pas, on monte, cela est vrai.

— Je suis perdue, vous dis-je, perdue, si vous le laissez entrer ici.

— Et qui donc ?

— M. de Lauzun.

— M. de Lauzun répéta Ursule atterrée, M. de Lauzun !

— Oui, M. de Lauzun, qui vient me réclamer, me prendre avec lui, m’enlever ! Oh ! je suis perdue, vous dis-je !

Les pas se rapprochaient du corridor menant au salon où Paquette et Ursule s’étaient réfugiées en toute hâte. La porte en fut poussée d’une façon assez brusque, et en même temps un personnage couvert d’un ample manteau entra, une lanterne à la main.

— Ah ! je suis sauvée, murmura Paquette, c’est M. Leclerc !

— Vous pouvez vous vanter de nous avoir fait une belle peut, reprit Ursule.


XVIII

UN SECRET.


Dès qu’il fut entré, Leclerc jeta son chapeau d’un air brusque et grondeur sur le sofa ; il essuya du bout de son mouchoir la poussière de ses bottines, s’approcha de sa glace en s’y regardant avec effroi, il continua ainsi durant