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LES MYSTÈRES DE L’ILE SAINT-LOUIS

Cholsy on le Luxembourg[1]. Le roi a d’ailleurs mis bon ordre à cette insatiable ambition de M. de Lauzun ; il a suivi de près M. Fouquet dans sa disgrâce. Mais n’admirez-vous pas comme moi, messieurs, poursuivit le prince en changeant de ton, le costume choisi par madame de Monaco ? Elle est en Diane, et son croissant seul vaut cent mille pistoles !

— Oui ; mais comme mademoiselle de Retz est belle en Minerve !

— Et mademoiselle Colbert en Hébé !

— Et mademoiselle de Créquy en Polymnie !

— Et la marquise d’Alluye en Vénus !

— C’est un bal charmant, reprit le marquis de Lavardin, vêtu en Mars. Dans l’expédition contre les corsaires d’Alger, dont j’avais l’honneur de faire partie, je ne vis pas de diamants comparables à ceux-ci sur les galères turques que nous prîmes avec le chevalier d’Hocquincourt.

— En vérité, dit Cavoie en ricanant, vous étiez déjà un foudre de guerre en ce temps-là, monsieur le marquis ?

— Monsieur le grand maréchal des logis, répondit le marquis d’un air piqué, je vous ferai observer que j’ai eu affaire à M. de Lauzun.

– Pas possible !

— C’est comme je me fais l’honneur de vous le dire, et sans sa prison…

— Malpeste ! reprit Cavoie, railleur de son naturel, il est trop ami de Mars pour se brouiller avec vous. Mais qu’ont-ils donc tous ici pour en vouloir à Lauzun ? murmura Cavoie à part lui, ils feraient bien mieux de s’occuper de l’objet de cette fête. Sept charmantes dames de la cour nous ont invités ici par lettres, et elles doivent se mettre à la tête de sept quadrilles. Les musiciens de M. Lulli sont prêts, on cherche des yeux le propriétaire de ce noble hôtel ; nul ne saura-t-il me dire… Par ma foi ! voici Dan-

  1. Résidences de Mademoiselle.