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LES MYSTÈRES DE L’ILE SAINT-LOUIS

— À merveille ! monsieur le comte. Vous preniez sans doute le frais ?

— Je me promenais, madame, dans le jardin de Pignerol.

— Et moi, monsieur, j’ai vu le roi. Seulement, je l’ai vu au Louvre.

— Au Louvre ? Ah ! tant mieux ! je saurai plus vite…

— Que je ne retiens jamais les gens malgré eux. Monsieur de Lauzun, les portes de ce palais vous sont ouvertes… et pour votre protégée…

— Ma protégée ?… je ne puis comprendre…

– Que je chasse ce soir même ; elle est là, monsieur, elle m’attend ; je suis avertie de tout ce qui s’est passé.

— Quoi ! madame…

— C’est assez, monsieur, reprit la princesse irritée. Au revoir, vous êtes libre.

Et coupant court à ce dialogue, Mademoiselle referma la fenêtre très brusquement.


XVI

L’HERBIER.


Quelques instants après, Paquette comparaissait devant la princesse.

La jeune fille était toute tremblante ; elle pouvait lire dans les yeux de Mademoiselle la haine et le dépit qui l’animaient.

— Avant tout, mademoiselle, lui dit la princesse, permettez-moi de vous féliciter de votre belle conduite. Il faut que votre pouvoir soit bien grand pour que M. de Lauzun ait consenti si vite à devenir pour vous ridicule.

Paquette ne répondit point.

— Hier, continua Mademoiselle, il a osé pénétrer sous un déguisement dans une maison dont la règle est fort austère ; aujourd’hui il saute d’un balcon pour converser avec vous :c’est peut-être un pari, mais cela ne regarde après tout que M. le comte. Ce qui me regarde, c’est vous, vous que