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LES MYSTÈRES DE L’ILE SAINT-LOUIS

d’un modèle achevé de toutes les vertus morales et financières.

— Ce cher ami, dit-il, ce n’est pas lui que la chambre de justice aurait taxé ! C’est un homme probe, sévère… et le personnage auquel il m’a chargé de vous conduire…

— Le personnage ! interrompit Paquette vivement, mais c’est à une dame qu’il m’a assuré que vous deviez me présenter !

— Diable ! pensa Lauzun un peu décontenancé.

— C’est ce que je voulais dire, ma chère enfant, reprit-il, une dame non moins respectable que l’est la supérieure Agathe que vous quittez… Seulement le séjour de sa maison n’a rien d’austère, elle aime la danse, la musique, elle a même, à ce qu’on dit, une épinette, et si vous l’aimez…

— Si je l’aime ! une épinette, la danse ! C’est donc une jeune dame ?

— Jeune encore, bien qu’elle ait passé l’âge orageux de la jeunesse. Elle habite un hôtel assez convenable dans l’Île Notre-Dame. Mais tenez, nous y voici.

Les chevaux du carrosse étaient moins étiques que lui, Ils avaient emmené Lauzun à tour de roues.

À peine entré, le comte introduisit la jeune fille dans une première pièce où il parut surpris de trouver de la lumière… Dans le même moment, il crut entendre deux voix qui se répondaient avec aigreur.

— Que veux dire ceci ? murmura-t-il.

Il n’eut guère le temps de s’enquérir ; la porte qui lui faisait face dans cette pièce s’ouvrit tout à coup, Mademoiselle parut.

Derrière la princesse se trouvait Barailles, Barailles foudroyé, anéanti.

— Mademoiselle ! balbutia Lauzun, elle que je croyais sous la baguette du docteur Fagon, au Luxembourg !

— Mon cher comte, reprit la princesse en cachant de son mieux le dépit qui l’agitait, je vais beaucoup mieux, et je