la Ripaille. Un brave tel que moi ne recule jamais, et cependant voilà un rude ennemi !
Les cartes placées, le jeu se forma, Charles gagna une première fois, une seconde, une troisième.
— Je commence à croire que vous n’êtes plus si amoureux de la dame en question, lui dit Olympe.
— Quelle dame ? demanda Charles.
— Vous voulez ruser, je crois, celle dont vous avez arrêté le cheval l’autre jour si à propos.
Charles se mordit les lèvres. Il se sentait blessé qu’une comédienne pût soupçonner l’état de son cœur ; l’insistance d’Olympe l’embarrassa.
— Je pourrais bien, seigneur cavalier, vous en dire long sur elle.
— Parlez, murmura Charles, le jeu m’ennuie, bien que j’y sois heureux ; mais comment donc cette dame…
— Assez, reprit Olympe, vous ne seriez plus au jeu… Laissez-moi tenir les cartes… vous êtes mon trésorier, voilà tout.
Olympe s’assit à la place de Charles, qui se résigna.
— Je saurai peut-être ce que j’ignore par cette femme, pensa-t-il.
Olympe tailla, et Charles perdit.
— La dame de vos pensées, dit Olympe avec un flegme de sorcière, est une belle et noble dame.
— Belle et noble, c’est vrai,
— Mais ce que vous ignorez, c’est qu’elle aime…
— Qui donc ? demanda Charles avec impétuosité ; le nom de mon rival, son nom !
Et le regard de Charles laissait échapper de vives et fougueuses étincelles, ses yeux respiraient à la fois l’amour, la haine, la vengeance.
— Votre bourse ? dit Olympe, le jeu continue et vous n’êtes point au jeu, mon gentilhomme.
Charles donna sa bourse, mais il ne vit point l’empressement affamé d’Olympe ; il la conjurait, il la pressait ; un