— Par pitié ! messieurs, excusez-le, c’est un fou ! s’écria le cabaretier. Ne voyez-vous pas bien qu’il a pris, avec leur habit, les façons de ces gentilshommes ? Messieurs, disposez de moi : je suis de cœur à vous et à monsieur le cardinal ! Je jure sur mon vin que mon fils ne connaît pas cet étranger ! Messieurs, encore un coup, laissez-moi le soin de chapitrer vertement ce révolté ! Malheureux ! ajouta le cabaretier en se tournant vers son fils, mais tu as donc résolu de me faire mourir ? Que tu as belle figure avec cette rapière de mardi gras et ces chausses que tu as louées aux piliers des Halles ! Messieurs, je vous promets que dès demain il reprendra le tablier et vous servira !
Et vous, monsieur Saint-Amand, ajouta maître Philippe, vous qui n’êtes riche qu’en rimes… osez-vous bien l’exciter ici ?…
— Maître Philippe, répliqua Saint-Amand l’oreille en feu ; maître Philippe, taisez-vous ! Mordieu ! votre fils est mon protégé, et je suis, moi, le protégé de monseigneur le duc de Retz ! Saint Pierre a coupé l’oreille à Malchus dans un moment un peu vif, que diable ! La jeunesse est la jeunesse !
— Messieurs les archers, ajouta le poëte, je réponds de ce jeune homme !
Puis, se retournant vers l’Italien qu’on emmenait, Saint-Amand lui dit à l’oreille :
— Ma foi, mon cher, ce n’est pas ma faute ; vous aviez
raison, vous eussiez mieux fait de vous noyer !
V
LE CABINET DE SON ÉMINENCE.
Pompeo n’avait opposé aucune résistance, il suivit ses deux guides en homme résigné.
Une heure du matin sonnait alors à l’église de Saint-