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LES MYSTÈRES DE L’ILE SAINT-LOUIS
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eux, brillait un grand fallot retenu au mur par un bras de bois peint en rouge.

C’était l’enseigne du cabaret de la Pomme de pin.

Comme ils abordaient ce seuil renommé, l’Italien et son compagnon entrevirent dans l’ombre un cavalier de moyenne taille, muché jusqu’aux yeux dans sa cape ; il s’arrêta devant une petite porte basse, tira une clef de la poche de son pourpoint, et se glissa prestement dans l’allée de maître Philippe Gruyn.

— Bravo ! murmura Saint-Amand, voilà quelque bachelier qui fait son siège ! Avec Mariette, le cabaret ne doit point chômer. Entrons.


III

LE CABARET DE LA POMME DE PIN.


À peine entré dans le cabaret, Saint-Amand jeta un coup d’œil rapide autour de lui, espérant sans doute trouver à ces tables ses acolytes ordinaires. À l’exception de Gillot et de Faret, tous s’y trouvaient à leur poste.

Envoyant à peine un léger salut aux figures enluminées de Granchamp, de Pontmenard, de Chassaingrimont, de Saint-Brice et de Bilot, désignés tous en ce beau gîte sous le nom des Chevaliers de la Coupe, le poëte s’arrêta tout droit devant un gros homme que maître Philippe Gruyn, le cabaretier, venait de servir sur son comptoir même ; c’était le capitaine la Ripaille.

Chassé des gendarmes rouges pour quelques légers méfaits, ce brave capitaine humait alors, d’un air platonique, un large verre de vin de Hongrie.

— C’est un brave à trois poils, dit au poëte maître Philippe Gruyn ; il peut nous être utile dans l’occasion. Mon cabaret, vous le savez, a plus d’une fois éveillé l’attention de la police. Ce que c’est, monsieur Saint-Amand, que d’a-