reprenant bientôt un ton d’autorité, il dit à maitre Gérard :
— Me prendriez-vous d’aventure pour un voleur ?
— Certainement non, reprit le passeux, mais une fois en Seine, qui me dit…
— Honnête Gérard, reprit l’inconnu, voici mon épée, je la laisserai dans ta cahute ; ce poignard, je le dépose sur ta table ; ces mains, tu vas les lier toi-même. À présent, hésites-tu ?
— Non, non, mon gentilhomme, répondit Gérard ; mais alors, que vais-je faire ?
— Tu ne le devines pas ? dit l’étranger.
— Non, mon gentilhomme.
— Tu vas m’introduire dans cette barque ; au plus profond de la Seine… Eh bien ! qu’as-tu donc ? je n’ai pas encore parlé…
— Rien… oh ! rien… murmura le passeux demi-mort de peur, achevez…
— Eh bien, maître Gérard, au plus profond de la Seine, tu me pousseras hors de ta barque et tu me noieras !
II
UN CONSEIL D’AMI.
L’étranger avait prononcé ces paroles avec un tel accent de décision, que le passeux recula.
L’Italien, après avoir croisé ses bras sur sa poitrine, regardait silencieusement maître Gérard.
— Tu ne comprends donc pas que je veuille me noyer ? dit-il au passeux.
— Dame ! mon gentilhomme, c’est une idée comme une autre, répondit Gérard en affectant un grand flegme. Seulement, je trouve que vous quittez la vie de bonne heure…
— La vie ! tu en parles comme d’un bien assuré, reprit l’inconnu ; serais-tu donc heureux, par hasard ? Çà, conti-