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LES MYSTÈRES DE L’ÎLE SAINT-LOUIS

de son alcôve un léger rideau ; un équipement complet de cavalier était suspendu à la muraille.

La voix de maître Philippe la força d’abandonner sur-le-champ l’examen que Mariette faisait de ce costume. Cette voix rappelait la pauvre enfant à la réalité.

Quand elle se trouva vis-à-vis de maître Philippe, elle demeura frappée de son air d’abattement. Le visage du cabaretier avait la pâleur d’un linge.

— Qu’avez-vous donc, mon père ? lui demanda-t-elle avec crainte.

— Rien, répondit-il ; un rêve bizarre, voilà tout. J’ai cru voir devant ma maison des ouvriers nocturnes qui dressaient un échafaudage…

— Celui-ci, sans doute, reprit Mariette en montrant à maître Philippe un poteau auquel manquait encore la lanterne.

— Celui-ci même, répondit maître Philippe, en regardant sur le quai des Ormes le poteau placé devant sa maison. C’est singulier…

— Et qu’y a-t-il donc là qui doive vous alarmer si fort, mon bon père ?

— Rien, reprit maître Philippe d’un ton morne, si ce n’est qu’au lieu de réverbère il y avait autre chose…

— Quoi donc ?

— Un homme pendu… et cet homme, je le connais.

Maître Philippe se signa tristement, et se remit comme d’habitude à son comptoir.


XXIV

LE RENDEZ-VOUS.


Cependant l’hôtel de l’île (tel était le nom qu’on lui donnait) s’élevait comme un palais enchanté sur l’emplacement choisi par Bellerose ; sa façade nouvelle étonnait le naïf bourgeois, bien qu’elle n’étalât ni bossages ni mou-