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LES MYSTÈRES DE L’ÎLE SAINT-LOUIS

XXIII

LE SACHET.


Le mur du jardin était fort bas, Pompeo et le masque l’eurent bien vite escaladé.

En traversant ce petit enclos où souvent il avait caché sa tristesse à tous les regards, l’Italien essuya une larme furtive. Il se souvenait sans doute que là, dans ce maigre terrain planté de bouleaux, dans ces allées, sous cette tonnelle, Mariette avait écouté plus d’une fois les voix douloureuses de son cœur.

— Mariette ! murmura-t-il, Mariette ! oh ! comment ne t’avais-je pas devinée à tes bonnes et consolantes paroles ! quelle autre que ma fille eût pu me calmer et me guérir ?

Une crainte soudaine s’empara toutefois de Pompeo, en examinant de nouveau son guide… Était-ce donc un piège qu’il allait lui tendre, était-ce un moyen d’arrêter son bras et d’enchaîner sa vengeance ?

En proie à ce doute poignant, l’Italien suivit l’homme jusqu’à la petite porte d’un escalier qui communiquait à la chambre de maître Philippe, arrivé en ce lieu, il lui recommanda de tenir son souffle et d’amortir le bruit de ses pas.

Pompeo connaissait cet escalier aussi bien que lui, mais il lui parut étrange que l’homme le connût ; cet escalier conduisait à la pièce habitée par Mariette…

— Tu savais donc où demeure celle que nous cherchons ? demanda-t-il avec une anxiété secrète à son guide.

— Rassure-toi, on n’est pas dans les bonnes grâces de Son Éminence pour rien.

Pompeo trembla en entendant ces paroles, son courage manqua de l’abandonner.

Le cardinal aurait-il donc semé aussi les dangers et l’es-