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LES MYSTÈRES DE L’ILE SAINT-LOUIS

– Loyal à tous deux, et devant tous deux me confiant à mon étoile, monsieur le comte.

– Votre étoile pourra pâlir, ajouta Léo. Mais descendons tous deux, on nous observe.

Il était temps en effet que Charles et le comte se dérobassent par un prompt départ aux espions de l’archiduc mêlés à la foule. Les duels étaient alors sévèrement défendus et poursuivis.

– Ainsi, marquis de Rovedere, vous consentez à être le témoin de monsieur ? demanda Leo Salviati en indiquant Charles au marquis.

Le marquis de Rovedere répondit par un signe d’assentiment.

– Témoin et second ? dirent Pepe et Rodolfo, les amis du comte.

– Oui, dit le marquis de Rovedere. Je trouverai bien quelqu’un qui m’assistera.

– À merveille, dit Leo. Et le lieu du rendez-vous ?

– À la porte San-Gallo demain, à six heures. – À six heures, répéta Leo Salviati.

Et se séparant du marquis et de Charles sous le large vestibule, Leo rejoignit son cousin Pepe et Rodolfo.

En ce moment, le roulement d’une voiture sur les dalles en mosaïque de la cour fit tressaillir Charles… Deux pages du palais y transportaient la duchesse défaillante. Quittant la main du marquis de Rovedere, Charles se précipita dans le carrosse auprès d’elle.



XVIII

UN TÉMOIN.


La pâleur de Teresina était mortelle ; lorsque sa duègne ralluma les bougies de l’appartement, le visage de la duchesse effraya Charles.

L’audace de Leo Salviati l’avait glacée ; elle connaissait