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LES MYSTÈRES DE L’ILE SAINT-LOUIS

de M. de Chateaubriand, et, bien que cet hôtel désert ne fût pas la Trappe, j’y entrais avec le trouble d’une grande résolution. La bienveillance de quelques artistes m’encouragea vis-à-vis de mes censeurs ; les premiers regardaient mon entrée dans cet hôtel comme un bienfait, les seconds comme une profanation. Je reçus un matin la carte de visite suivante, elle était signée du nom de Méry :

Ce grand hôtel aristocrate
Par Lauzun vous était promis,
Et vous pouvez, mieux que Socrate,
Le peupler de tous vos amis.

La presse parisienne, cette fée de tous les baptêmes, voulut assister à celui de l’hôtel Pimodan, elle fit le voyage de l’île Saint-Louis et fouilla l’hôtel de fond en comble. Elle en parla à la hâte et commit nombre d’erreurs. Heureusement le propriétaire actuel est un homme d’érudition, il se pique beaucoup de gravures rares, de vieux livres. Il eut la bonté de me communiquer quelques notes à l’aide desquelles je parvins à reconstruire la physionomie de son hôtel, puis à la fondre en deux drames séparés.

C’est le premier de ces drames que j’offre aujourd’hui à la curiosité du lecteur. Il s’appuie sur une donnée du temps de Louis XIII. Son héros fut le véritable et unique fondateur de l’hôtel Pimodan.

Après lui, arrivent en première ligne, comme propriétaires, Lauzun et le marquis de Richelieu.

De 1709 à 1774, époque de la mort de Louis XV, on ne rencontre aucun nom éclatant dans les propriétaires de l’hôtel de l’île.

Ce que nous pouvons affirmer d’après des documents authentiques, c’est qu’il fut acheté vers 1780 par M. Rarecourt de la Vallée, marquis de Pimodan, et officier supérieur de cavalerie.

Il porta dès lors le nom de Pimodan qui figure encore