Page:Beaunier - Visages de femmes, 1913.pdf/91

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
74
VISAGES DE FEMMES

pervers, à laïciser les pensées de Pascal et à les détourner de l’apologie chrétienne vers l’analyse des passions amoureuses. Cette hypothèse porte tous les signes de la plus involontaire plaisanterie.

On ne peut affirmer avec assurance que nul écrit soit de tel auteur, si l’auteur lui-même ne l’a, de son vivant, reconnu, signé. Là encore, on se tromperait, si l’auteur était l’un de nos geais qui se parent de la plume d’autrui. Mais aucun livre non signé n’est aussi probablement de tel auteur que le Discours sur les passions de l’amour est de Pascal. Le Discours est de lui, jusqu’à l’évidence, ou peu s’en faut. Et, dans cette discussion, je n’ai pas invoqué les arguments « littéraires » : ils seraient périlleux, tout seuls ; et ils le seraient de prime abord ; mais appuyés sur d’autres arguments où la sensibilité n’est pour rien, ils conservent quelque valeur et confirment, à mon gré, ce que j’ai dit.

Que trouvons-nous dans le Discours ?

D’abord, une métaphysique de l’amour ; plus exactement, une psychologie de l’amour, mais qui ne se contente pas des constatations que fait le psychologue. Elle dépasse les phénomènes qu’elle observe ; et elle en cherche les principes, au delà des apparences, dans la substance même de l’esprit : aussi l’appelais-je une métaphysique, en abusant un peu du mot, pour indiquer le caractère théorique de la synthèse.