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MADEMOISELLE DE ROANNEZ

l’a suppliée de rester auprès de lui ; sans même oser l’interroger, tant il avait peur d’une réponse désolante, il lui a dit comme il comptait la conserver auprès de lui. Elle ne répondait pas : et il devinait bien qu’elle s’en irait. Il n’avait pas de moyens judiciaires pour l’empêcher de partir. Elle pouvait partir et faire profession, malgré sa défense, étant orpheline et âgée de vingt-six ans. Elle lui échappait et il ne savait comment la retenir. C’est alors qu’il imagina, de désespoir, un stratagème. Et ce stratagème a, je l’avoue, les mauvais dehors d’une astuce ; mais il faut, pour l’apprécier, y démêler exactement les intentions.

Afin d’empêcher Jacqueline de le quitter — et non pour chaparder l’argent de Jacqueline — il ôtait à Jacqueline la dot qu’il est d’usage de donner au couvent lorsqu’on fait profession religieuse. Il agissait, mon Dieu, comme ces pères de famille qui, pour empêcher un mariage qui leur déplait, annoncent qu’ils laisseront leur fille sans dot.

Il ôtait à Jacqueline sa dot. Mais allait-il en profiter, lui Pascal ? Non, pas du tout, au cas où le stratagème réussirait : car il devrait alors payer le revenu de la dot à un taux fort élevé, à un taux si élevé que, manquant d’argent (comme on nous le dit) à cette époque, il assumait une charge assez lourde.

Mais le stratagème ne devait pas réussir ? Il pouvait très bien réussir. Et la preuve, c’est