Page:Beaunier - Visages de femmes, 1913.pdf/65

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
48
VISAGES DE FEMMES

tâcherons de l’interpréter ensuite. Notons seulement qu’il refuse de laisser Jacqueline se faire nonne. Et c’est lui, cependant, qui jadis l’y encourageait : M. Pascal l’avait bien deviné; c’est lui qui, la menant à la mère Agnès et à M. Singlin, c’est lui qui avait fomenté ce dessein de vie religieuse, auquel maintenant il s’oppose tout de même qu’alors M. Pascal! Notons ce retournement; et notons que Pascal, lors de ce retournement, révèle (par sa lettre du 17 octobre) une piété remarquable. Notons qu’il est, en tout cela, fort singulier.

Dès l’arrivée des Perier, Jacqueline dit à Gilberte son projet d’entrer bientôt en religion. Elle y entrerait dès que les partages seraient faits. Seulement, elle voulait « épargner son frère » ; et, pour le ménager, car elle avait pitié de sa douleur, elle le laisserait croire qu’elle s’en allait pour peu de semaines, afin d’accomplir là-bas une retraite.

Elle organisa ce mensonge avec finesse.

Les partages furent signés le dernier jour de décembre; et Jacqueline disposa toutes choses pour quitter la maison le 4 janvier.

Le 3 janvier, Jacqueline pria Gilberte d’informer un peu leur frère le soir, « afin qu’il ne fût pas si surpris ». Gilberte le fit, avec beaucoup de précaution. Pascal s’en montra « fort touché », — fort ému ; — Gilberte avait beau lui dire qu’il s’agissait « d’une retraite pour connaitre un peu