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VISAGES DE FEMMES

Ils engagèrent ce jeune homme à lire les ouvrages de M. Jansenius, de M. Arnauld, les petits traités de M. de Saint-Cyran, et autres écrits de même sorte. Ainsi pénétra dans la famille l’influence de Port-Royal. Et elle date de l’année 1646. Mais, comme le petit Pascal, devançant les livres, avait deviné les mathématiques jusqu’à la trente deuxième proposition d’Euclide, ne peut-on dire que Jacqueline avait elle-même devancé la venue de MM. Deslandes et de la Bouteillerie et deviné la mystique prochaine?

Aussi l’effet fut-il extrêmement rapide. En peu de semaines toute la famille nous apparait comme, ne disons pas convertie, - elle n’avait point à se convertir, mais consacrée. Quand Blaise Pascal eut commencé de « goûter Dieu », il persuada bientôt son entourage. Il fit goûter Dieu à son père. Gilberte, qui avait épousé quelques années plus tôt M. Florin Perier, vint avec son mari à Rouen : le ménage subit la contagion de la ferveur où il trouva toute la maison. Gilberte renonça pour elle et ses enfants aux parures et ajustements inutiles; et, à la mort de Florin Perier, en 1672, on connut qu’il portait aux reins une ceinture de fer, tout armée de pointes. Mais la plus passionnément touchée, ce fut Jacqueline.

On a discuté sur le point de savoir qui, dans la famille Pascal, sentit d’abord la grâce et la communiqua. Marguerite Perier, fille de Gilberte,