Page:Beaunier - Visages de femmes, 1913.pdf/33

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
16
VISAGES DE FEMMES

dirigeant les ouvriers et, pour parer à des inconvénients pratiques, trouvant de malins systèmes.

Jacqueline composait maints poèmes. Et l’on recevait familièrement à la maison le jeune M. Corneille, « avocat du roi dans les juridictions des eaux et forêts et de l’amirauté, à la table de marbre de Rouen », le jeune M. Corneille, au teur de ravissantes comédies, Mélite, la Veuve, la Galerie du Palais, la Place Royale, et d’une tragicomédie que les uns avaient dénigrée et les autres portée aux nues, où elle demeura, le Cid. M. Corneille apprécia le talent de Jacqueline et l’encouragea, la conseilla peut-être. Aux Palinods de 1640, Jacqueline eut le prix de la poésie : elle avait célébré la Conception de la Vierge. Or, le jour de la distribution des récompenses, elle n’était pas là : pour remercier en son nom, qui se leva et fit, en vers, un compliment de gratitude ? M. Corneille. Pourquoi, nous demandons-nous, Jacqueline ne fut-elle pas à la cérémonie ? Il est difficile de le dire précisément. On le devine tout de même. Après la cérémonie, en grande pompe, avec des trompettes et des tambours, on lui apporta le prix qu’elle avait mérité. Mme Perier note qu’ « elle reçut cela avec une indifférence admirable ». Laissons admirable : c’est, plus tard, l’opinion de la janséniste Gilberte. Mais le fait subsiste, et à sa date de 1640, où Jacqueline a quinze ans : le fait de l’indifférence est, avec la véracité de Gilberte, certifié encore par cet autre