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JACQUELINE PASCAL

jolie, je ne saurais te rien refuser ! » Elle priait que M. le cardinal consentit à recevoir M. Pascal le père… « Mandez-lui qu’il vienne me voir et m’amène toute sa famille ! » La petite Pascal avait gagné son procès.

Blaise Pascal était là. Et c’est l’année de son adolescence où il écrivait le Traité des Coniques. Il était là, et Jacqueline, et Richelieu ; ajoutons Mme d’Aiguillon et l’acteur Mondory ; ajoutons une société la plus délicate de la plus belle époque. Et il y a de ces journées, dans l’histoire que nous lisons, de ces journées si poignantes et jolies que nous donnerions beaucoup de notre courte durée pour les rattraper, au milieu de l’oubli perdu, et les voir un peu.

A la suite de la gentille manigance que Jacqueline avait organisée, M. Pascal le père fut adjoint à M. de Paris, lequel était, à Rouen, l’intendant de la Normandie. Et voici la famille Pascal installée à Rouen, ville savante et mondaine ; installée en très bonne place dans une société qui, sans imiter la capitale, rivalisait heureusement avec elle. C’est peut-être la période la plus singulière de l’existence des Pascal.

M. Pascal le père avait, pour la répartition des taxes, de grands et difficiles calculs à faire. Blaise Pascal inventa la machine à calculer. Il l’inventa, sans doute aisément, d’un coup d’esprit ingénieux ; mais il eut beaucoup de peine à la réaliser, combina plus de cinquante modèles,