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VISAGES DE FEMMES

Elle joua la Lisbeth de Grétry. On pleura d’attendrissement. Il aurait été beau qu’on ne pleurât point, quand Marceline s’en mêlait, Marceline qui était toute consacrée à la poésie et qui jamais n’a pu concevoir la poésie autrement que comme une plainte déchirante !…

Essayons de nous la représenter à cette époque de sa vie, quand elle approche de ses vingt ans.

Elle n’est pas tout à fait jolie. Elle est, plutôt, l’une de ces jeunes personnes dont on dit qu’elles sont mieux que belles : c’est donc que, belles, elles ne le sont pas. Marceline a la tête forte et le visage long. Le nez y tient beaucoup de place ; il est long et dessine plusieurs courbes, jusqu’à son bout, très pointu. La bouche est grande, il n’y a point à le dissimuler. Elle est grande, mais expressive. Marceline a les épaules un peu hautes, la gorge abondante : et je crois que les robes d’alors ne lui vont pas à merveille, qui montent la taille, l’amènent jusqu’à la poitrine. Ce n’est pas ce qu’il fallait à une jeune femme dont le buste semble opulent et ramassé. Voilà les inconvénients de Marceline. Ajoutons un cou trop court et des joues creuses, pour en finir avec ces pénibles renseignements.

Mais elle avait le teint mat, un teint d’ancienne blonde. Et son imparfait visage était en cadré d’une ravissante chevelure, anciennement blonde, oui, et qui devenait châtaine. Elle se coiffait ainsi : une raie sur le milieu de la tête