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VISAGES DE FEMMES

En 1636, quand Jacqueline était âgée de neuf ans, M. Pascal dut faire un voyage en Auvergne : il emmena Gilberte et Blaise ; et il confia Jacqueline à Mme Saintot. Mme Saintot, ne manquons pas de le noter, était une aimable femme, sœur du poète Dalibray et plus célèbre comme la maîtresse éperdue de Voiture. On le voit, M. Pascal le père n’était pas un homme de terrible austérité ; l’enfance des petits Pascal ne fut pas sombre, morose et telle que la feraient imaginer d’autres signes.

Chez Mme Saintot, pendant le voyage de M. Pascal, de Gilberte et de Blaise, les trois petites filles, ayant réuni leurs talents, composèrent une comédie en cinq actes et en vers, « divisée par scènes et où tout était observé ». Elles la jouèrent, avec d’autres acteurs et actrices de leur âge. Il y eut grande compagnie ; et ce devint, si l’on en croit Gilberte, l’entretien de tout Paris durant un long temps.

La comédie est perdue. Mais nous avons plusieurs poèmes de la douzième année de Jacqueline. Ce sont des rondeaux, une chanson sur l’air d’une sarabande ; ce sont des stances, des acrostiches, des sonnets. Et l’on s’attend à de bien jolies choses, de la part de cette petite fille si spontanée, si ardente, si aimablement capricieuse ; et l’on s’attend à de jolies choses un peu imparfaites, un peu maladroites, où se révèle une exquise puérilité. Pas du tout ! Jacqueline, à