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VISAGES DE FEMMES

Elle épousa M. de La Feuillade. Mais, peu de temps après, elle fut assaillie de scrupules : ses vœux, qu’elle avait rompus, la torturèrent de remords. On se montra, dans le monde, narquois sans doute et méprisant ; à Port-Royal, extrêmement dur. M. Arnauld, qui n’était pas impitoyable mais qui avait une idée rigoureuse des engagements qu’on a pris envers Dieu, écrivait à Mme Perier : « La fainéantise, l’amour des ajustements, le désir d’être flattée, l’attache des compagnies qu’elle avait reconnues elle-même lui être dangereuses l’ont précipitée dans cet état… » Quel état ? Le scandale, disait M. Arnauld. Le chanoine Hermant, plus indulgent, se contente de dire « que l’air du monde est contagieux et qu’une tendre piété est une plante bien faible quand elle cesse d’être arrosée par de saintes instructions et affermie par la conduite de personnes plus fortes et plus avancées dans la vertu ».

Mais il sembla que Dieu était du parti de Port-Royal et châtiait sa créature infidèle. Le premier enfant de Mme de La Feuillade mourut devant qu’on pût lui donner le baptême ; le second fut un fils « tout contrefait par les jambes » ; la troisième, une fille qui demeura naine jusqu’à sa douzième année, sans croître du tout, et qui mourut de mort subite à dix-neuf ans ; le quatrième, M. le duc de La Feuillade, qui vécut, et vécut fort mal.