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MADEMOISELLE DE ROANNEZ

son duché. Le duc de Roannez allait ainsi payer les dettes de sa famille et, sans entrer dans les ordres, porter « une manière d’habit religieux », se cacher et mourir dans la dévotion. Ce La Feuillade est le célèbre flagorneur du roi ; il fit une belle carrière et laissa la renommée d’un imbécile.

Or, avant de quitter Port-Royal, sœur Charlotte de la Passion avait solennellement fait vœu de chasteté. Pendant les premières années de son retour au monde, elle exigea qu’on ne lui parlât point de mariage. Le curé de Saint-Merry l’interrogea : elle répondit qu’elle avait réellement fait ce vœu en toute connaissance et liberté, de sorte que nulle puissance ecclésiastique n’avait l’autorité de l’en remettre. Et puis, dit Saint-Simon, « le temps et les manèges la changèrent » ; elle vint à souhaiter de s’affranchir, elle consulta et obtint de Rome une dispense pour se marier… « Mon Dieu, donnez-moi une grâce si forte que je n’y puisse résister… Il m’en faut une comme celle-là : autrement, le monde me retiendra toujours !… » Se souvint-elle de sa prière ancienne ? et accusa-t-elle la grâce de n’avoir pas été assez forte ?

Pauvre petite, à l’âme incertaine ! Et, pour guinder à la sainteté une telle âme, si mobile, ne fallait-il pas le soutien d’une énergie amicale et voisine ?… Quand Pascal fut mort, qui était l’énergie de son âme, tout alla, pour elle, à vau-l’eau.