Page:Beaumont - Marie ou l’esclavage aux États-Unis, éd. Gosselin, 1840.djvu/385

Cette page n’a pas encore été corrigée

car l’enrôlé volontaire, qui prend le métier des armes comme moyen d’existence, ne déserte qu’en face du péril. En cas de lutte avec des partis d’Indiens, les désertions deviennent assez nombreuses : mais il n’en résulte aucun danger pour le pays, le sort de ces combats ne pouvant être douteux entre ennemis de forces tellement inégales. À l’intérieur, l’inconvénient est peut-être moindre encore.

Six mille hommes dispersés sur un territoire à moitié grand comme l’Europe sont imperceptibles, et encore les tient-on constamment éloignés de la population civilisée. Ils occupent des forts dans le nord et dans l’ouest de l’Amérique, et s’avancent dans les forêts indiennes à mesure que la population américaine s’en approche. Il n’est pas une ville d’Amérique dans laquelle un régiment américain tienne garnison. Une telle armée ne menace donc à l’intérieur, ni les bonnes mœurs, ni la liberté. Il existe une école militaire (Westpoint) qui sert de pépinière pour les officiers. C’est là qu’on les prend tous. Jamais les soldats ou sous-officiers ne deviennent officiers. On entre à Westpoint par faveur : mais, pour en sortir officier, il faut subir un examen. Un capitaine a un traitement fixe de 1,200 dollars (6,260 fr.), qui, à raison des indemnités de logement, de fourrages, etc., se monte à 1,800 dollars (9,540 fr.).

Les militaires qui cessent de l’être ne reçoivent aucune retraite, quelle que soit la durée de leurs services. Mais quand ils ont des congés, on ne leur fait aucune retenue de solde.

PAGE 144. — * De grands troubles se préparaient à New-York.

Les événements arrivés à New-York au mois de juillet 1834 ont fourni le texte du chapitre XIII de cet ouvrage, intitulé l’Emeute. À côté de la fable dont le fond est entièrement vrai, je crois devoir placer le récit exact de tout ce qui s’est passé.

Le principe de l’esclavage a été aboli dans l’État de New-York en 1799 ; mais les nègres qui ont cessé d’être esclaves ne sont pas devenus les égaux des blancs. La couleur des affranchis rappelle sans cesse leur origine. Cependant la population noire, qui est en possession de la liberté, aspire aussi à l’égalité. C’est là le grand sujet de querelle entre les deux races dans le nord des États-Unis.

Tant que les nègres affranchis se montrent soumis et respectueux envers les blancs, aussi long-temps qu’ils se tiennent vis-à-vis de ceux-ci dans une position d’infériorité, ils sont sûrs de trouver