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soumission à leur souverain, que l’autorité qu’ils exercent sur eux est un véritable despotisme qui ne peut être comparé qu’à celui des premiers empereurs ottomans ; il est, comme eux, maître absolu des biens et de la vie des sujets ; il en dispose à son gré ; sa volonté est sa raison. » (V. t. II, p. 352.)

Ce despotisme procédait, suivant la tradition des Natchez, d’une source toute divine. Je ne puis mieux faire que de rapporter les termes dans lesquels un chef de la nation des Natchez racontait à Dupratz cette origine : « Il y a un très-grand nombre d’années qu’il parut parmi nous un homme avec sa femme qui descendit du soleil. Ce n’est pas que nous crussions qu’il était fils du soleil, ni que le soleil eût une femme dont il naquit des enfants ; mais lorsqu’on les vit l’un et l’autre, ils étaient encore si brillants que l’on n’eut point de peine à croire qu’ils venaient du soleil. Cet homme nous dit qu’ayant vu là-haut que nous ne nous gouvernions pas bien, que nous n’avions pas de maître, que chacun de nous se croyait assez d’esprit pour gouverner les autres dans le temps qu’il ne pouvait pas se conduire lui-même, il avait pris le parti descendre pour nous apprendre à mieux vivre… Les vieillards s’assemblèrent et résolurent entre eux que, puisque cet homme avait tant d’esprit que de leur enseigner ce qui était bon à faire, il fallait le reconnaître pour souverain. » (V. Dupratz, p. 333.)

Cet homme supposé descendu du soleil, étant reconnu souverain, commença par établir dans sa famille l’hérédité de la puissance. (V. Dupratz, p. 334.) Il ordonna ensuite qu’on bâtît un temple dans lequel les seuls princes et princesses (c’est-à-dire les soleils et soleilles) auraient droit d’entrer pour parler à l’esprit ; que dans ce temple on conservât éternellement un feu qu’il avait fait descendre du soleil ; et que l’on choisît dans la nation huit hommes sages pour le garder et l’entretenir nuit et jour. La négligence dans l’accomplissement de ce devoir, fut punie de mort. (V. ibid, p. 335.) On voit dans le même auteur que les fêtes de ces Indiens étaient tout à la fois politiques et religieuses, et que leurs chefs ou soleils y remplissaient une sorte de sacerdoce.

Tandis que les Indiens du Sud se soumettaient au pouvoir