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Virginie accompagnaient un traité d’un certain nombre de cérémonies propres à graver dans tous les esprits le souvenir de l’engagement mutuel qui était pris, et à le rendre plus sacré. Tous les écrivains que j’ai déjà cités parlent de ce symbole mystérieux de la concorde et de l’amitié, le calumet, qui, dans tous les déserts de l’Amérique du Nord, servait d’introduction à l’étranger et même de sauve-garde aux ennemis. Lahontan, faisant un voyage de découvertes chez les nations établies sur les confluents du Mississipi, avait attaché le calumet à la proue de son canot, et il voguait paisiblement parmi les peuples sauvages qui couvraient la rive de ces fleuves.

Chez tous les Indiens, le sort réservé aux femmes était à peu près le même. La femme était bien plus la servante que la compagne de l’homme. La société n’avait point donné au mariage le caractère durable et sacré dont la plupart des peuples policés et sédentaires l’ont revêtu. La polygamie était permise ou tolérée par les usages de presque tous les Indiens. Chez tous, la femme occupait la position d’un être inférieur. « Les femmes, dit John Smith, page 240, sont tenues en esclavage. Lorsque Powahatan, l’un des rois du Sud, est à table, ses femmes le servent : l’une lui apporte de l’eau pour laver ses mains, une autre les essuie avec un paquet de plumes, en guise de serviette (V. p. 38). Powahatan, ajoute le même auteur, a autant de femmes qu’il en désire. » « À la moindre querelle, dit Lawson, ces Indiens peuvent renvoyer leur femme, et en prendre une autre. » (V. p. 35).

Quant aux mœurs proprement dites, il est difficile de se faire une idée exacte de ce qu’elles étaient chez ces peuples, à l’époque dont nous parlons.

Lawson prétend, page 35, que de son temps (1700) il régnait une grande corruption parmi les femmes indiennes. Beverley, qui écrivait à la même époque, croit à la vertu de ces mêmes sauvages, et assure que parmi elles l’infidélité conjugale passait pour un crime irrémissible. (V. p. 235) William Smith a entendu dire que les Iroquoises étaient fort dissolues ; et Lahontan, tout en reconnaissant que ces Indiennes se livrent facilement avant d’avoir pris un époux, assure qu’elles respectent avec le plus grand scrupule le lien du mariage, quand une fois elles l’ont formé (V. p. 80).