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aucune partie, et le corps de la nation ne découvre pas du premier abord quel tort peut lui causer un petit nombre d’étrangers qui viennent s’établir au milieu de champs déserts, et qui parviennent à tirer de la terre une subsistance que les Indiens eux-mêmes ne cherchent pas à obtenir. C’est ce qui faisait dire à M. Bell, dans un rapport au congrès le 4 février 1830 (documents législatifs, nO 227) : « Avant l’arrivée des Européens, il ne paraît pas que les sauvages eussent conçu l’idée que la terre pouvait être l’objet d’un marché. » Et, si l’on parcourt l’histoire de nos premiers établissements, on découvre que les naturels n’ont, pour ainsi dire, jamais considéré les Européens comme des spoliateurs, quand ils s’étaient assurés que ces derniers ne venaient point avec des intentions hostiles.

Cet état social produisait chez toutes les nations sauvages qui l’avaient adopté des conséquences analogues. Les Indiens, ne connaissant point la richesse immobilière, ne tirant de la terre qu’une faible partie de leur subsistance, pouvaient abandonner le travail pénible de la culture aux femmes et aux enfants, et réserver aux hommes les travaux mêlés de plaisirs, qui sont le propre de la chasse.

« Les hommes, dit John Smith en parlant des Indiens de la Nouvelle - Angleterre, sont principalement occupés de la chasse. » (pag. 240)

Le même auteur dit, en parlant des Indiens de la Virginie : « Les hommes consacrent leur temps à la pêche, la chasse, la guerre et autres exercices virils, regardant comme une honte d’être vus s’occupant des soins propres aux femmes ; d’où il arrive que les femmes sont souvent surchargées de travaux, et les hommes oisifs. Les femmes et les enfants sont exclusivement chargés de faire les nattes, les paniers, préparent les aliments, plantent le maïs, le récoltent. »

« Les femmes des Iroquois, dit William Smith, page 78, cultivent les champs, les hommes vont à la chasse. » — « Les Indiens ne travaillent jamais, » dit Lawson, à propos des indigènes de la Caroline (page 174). De là une liaison intime que le temps n’a pu détruire, entre les idées de travail sédentaire, et particulièrement de la culture de la terre, et les idées de faiblesse, de dépendance, d’obéissance, d’infériorité.