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regards. Partant de cette donnée, j’ai pensé qu’au lieu de m’abandonner au cours des temps, et de suivre pas à pas la trace de tous les changements qui se sont opérés peu à peu dans l’état social et politique des indigènes, j’arriverais par un procédé plus rapide à un résultat plus concluant, si je pouvais faire connaître ce qu’étaient les indiens il y a deux cents ans et ce qu’ils sont de nos jours. Pour m’éclairer sur le premier point, j’ai consulté les auteurs anglais et français qui m’ont paru contenir le plus de lumières : le capitaine John Smith et Beverley pour la Virginie ; John Lawson pour les Carolines ; William Smith pour l’État de New-York ; pour la Louisiane, Dupratz ; Lahontan et Charlevoix pour le Canada.

Quant à l’état actuel, j’ai puisé mes notions dans des voyages faits par ordre du gouvernement américain, dans des rapports officiels présentés au congrès, dans des récits de témoins oculaires, dans mes propres observations enfin. Car, j’ai vu de près plusieurs des nations infortunées que je vais essayer de faire connaître, et j’ai pu m’assurer par moi-même de la vérité des couleurs dont on se sert pour les peindre.

§ 1er.

État ancien.

Je vais parler de nations qui, bien que peu nombreuses, occupaient un espace presqu’aussi grand que la moitié de l’Europe. On remarquait entre elles, à l’époque où je veux reporter l’attention du lecteur, des ressemblances et des différences qu’il faut signaler.

Tous les peuples qui habitaient les côtes orientales de l’Amérique du Nord au moment où les Européens entrèrent en contact avec elles avaient un état social analogue ; toutes vivaient particulièrement de la chasse. L’agriculture ne leur était cependant point inconnue, mais aucun d’eux n’était encore arrivé à tirer des fruits de la terre son unique ni même son principal moyen de subsistance. Toutes les relations s’accordent sur ce point. Autour de la cabane du chef de famille se trouvaient quelques champs de maïs que cultivaient ses