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indispensables à un bon gouverneur et au bien-être des hommes.[1]

Ces principes religieux, écrits en tête des constitutions américaines, se retrouvent dans toutes les lois ; on les rencontre dans tous les actes du gouvernement, dans les proclamations des fonctionnaires publics, en un mot dans tous les rapports des gouvernants avec les gouvernés. Il n’est pas en Amérique une solennité politique qui ne commence par une pieuse invocation. J’ai vu une séance du Sénat à Washington s’ouvrir par une prière ; et la fête anniversaire de la déclaration d’indépendance consiste, aux États-Unis, dans une cérémonie toute religieuse.

Je viens de montrer comment la loi, qui ne reconnaît ni l’empire, ni l’existence même d’un clergé, consacre le pouvoir de la religion.

J’ajouterai que les sectes religieuses, qui demeurent étrangères aux mouvements des partis, sont loin de se montrer indifférentes aux intérêts politiques et au gouvernement du pays ; toutes prennent un intérêt très-vif au maintien des institutions américaines ; elles protègent ces institutions par la voix de leurs ministres dans la chaire sacrée et au sein même des assemblées politiques. La religion chrétienne est toujours, en Amérique, au service de la liberté.

C’est un principe du législateur des États-Unis que, pour être bon citoyen, il faut être religieux ; et c’est une règle non moins bien établie que, pour remplir ses devoirs envers Dieu, il faut être bon citoyen. À cet égard toutes les sectes rivalisent de zèle et de dévouement ; le catholicisme, comme les communions protestantes, vit en très-bonne harmonie avec les institutions américaines ; il se développe et grandit sous ce régime d’égalité : il a le bonheur, dans ce pays, de n’être ni le protecteur du gouvernement, ni le protégé de l’État.

Il n’existe en Amérique qu’une seule congrégation qui soit hostile aux lois du pays, c’est celle des quakers.

Le même principe qui les empêche de résister individuellement à la violence d’un agresseur les conduit à penser que la société n’a point le droit de repousser par la force les attaques

  1. V. Constitution de l’Ohio, art. 8, § 3.