Page:Beaumont - Marie ou l’esclavage aux États-Unis, éd. Gosselin, 1840.djvu/297

Cette page n’a pas encore été corrigée

titre de propriétaire, de donner et de recevoir, etc. ; elle confère la vie civile à une société qui pourra agir comme individu, et qui, auparavant, n’avait d’action que par chacun de ses membres.

Quel que soit le plus ou le moins de faveur accordée par les lois de quelques États à telle ou telle secte religieuse, on peut dire du moins dans les termes les plus généraux et les plus absolus, que, dans l’Amérique du Nord, il n’existe point de clergé, formant un corps constitué politiquement, et reconnu tel par l’État ou par la puissance des mœurs.

Mais si les ministres du culte sont tout-à-fait étrangers au gouvernement de l’État, il n’en est point ainsi de la religion.

La religion, en Amérique, n’est pas seulement une institution morale, c’est aussi une institution politique. Toutes les constitutions américaines recommandent aux citoyens l’exercice d’un culte religieux comme la double sauvegarde des bonnes mœurs et des libertés publiques. Aux États-Unis, la loi n’est jamais athée. Voici comment s’exprime à ce sujet la constitution du Massachusetts : « C’est le droit et aussi le devoir de tout homme en société d’adorer publiquement et à des époques déterminées l’Etre-Suprême, le créateur de toutes choses, tout-puissant et souverainement bon… Comme le bonheur d’un peuple, le bon ordre et le maintien du pouvoir civil dans un pays dépendent essentiellement de la piété, de la religion et de la morale, et comme la religion, la morale et la piété ne peuvent se répandre au sein d’un peuple qu’au moyen de l’institution d’un culte extérieur adressé à la Divinité, et à l’aide d’établissements publics moraux et religieux ; par ces raisons, le peuple de cette république, jaloux d’accroître la somme de son bien-être et d’assurer la conservation de son gouvernement… » Suivent les dispositions en faveur de la religion… [1]

La constitution du New-Hampshire contient un préambule religieux de la même nature.[2]

Celle de l’Ohio proclame la religion, la morale et l’instruction,

  1. Art. 2 et 3 de la Constitution de Massachusetts.
  2. Constitution de New-Hampshire, art, 4, 5 et 6.