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jeunes personne, jouit d’une grande réputation dans le Massachusetts, et la plupart des jeunes filles qui s’y font admettre sont protestantes. Les parents, chez lesquels la voix du sang est souvent plus puissante que l’esprit de parti, font taire leurs passions religieuses, et placent leurs enfants dans une institution où ils croient trouver plus de garanties qu’en aucune autre pour l’instruction et les bonnes mœurs. Cependant la population du Massachusetts, foyer du puritanisme, est en masse hostile aux catholiques, et voit avec inquiétude et jalousie qu’on accorde à ceux-ci plus de confiance que n’obtiennent les institutions protestantes.

Au mois d’août dernier, des personnes malveillantes firent courir dans le public le bruit qu’une jeune religieuse s’était échappée du couvent dont il s’agit ; que les supérieures de la maison, à l’aide de manœuvres frauduleuses, étaient parvenues à l’y faire rentrer ; et qu’ensuite la jeune fille avait disparu sans qu’on sût ce qu’elle était devenue.

Ce récit était une pure fiction. Il était bien vrai que, quelques jours auparavant, l’une des pensionnaires de l’établissement l’avait abandonné furtivement ; mais elle y avait été ramenée par l’évêque de Boston, sans qu’aucune contrainte ni physique ni morale lui fût imposée. On l’avait laissée entièrement libre de sortir du couvent si, après son retour, elle persistait dans son premier dessein ; et, profitant de cette liberté, elle avait en effet quitté l’établissement.

Cependant le peuple accepte facilement les faits qui sont selon ses passions. Le 11 août 1834, vers onze heures du soir, à un signal convenu, une troupe d’hommes masqués, ou le visage teint de noir, fondent sur le couvent des Ursulines, forcent les portes, chassent violemment tous ses habitants, religieuses ou jeunes filles, les jettent nues hors de leur demeure, et mettent le feu à l’édifice, qui, en quelques heures, est complètement détruit par les flammes.[1]

J’ai dit qu’il existe deux exceptions au principe de bienveillance mutuelle qu’entretiennent les membres des différentes sectes aux États-Unis. Je viens d’exposer la première, qui est l’hostilité des protestants contre les catholiques ; la seconde

  1. V. tous les journaux américains d’août 1834.