Page:Beaumont - Marie ou l’esclavage aux États-Unis, éd. Gosselin, 1840.djvu/267

Cette page n’a pas encore été corrigée


Cependant, tout en conservant le présent, ils sont effrayés de l’avenir. L’augmentation progressive du nombre des esclaves dans leur sein est un fait bien propre à les alarmer ; déjà, dans la Caroline du Sud et dans la Louisiane, le nombre des noirs est supérieur à celui des blancs[1], et la cause de l’augmentation est plus grave encore, peut-être, que le fait même ; la traite des noirs avec les pays étrangers étant prohibée dans toute l’Union, non-seulement par le gouvernement fédéral, mais encore par tous les états particuliers, il s’ensuit que l’augmentation du nombre des esclaves ne peut résulter que des naissances ; or, le nombre des blancs ne croissant point, dans les États du Sud, dans la même proportion que celui même des nègres, il est manifeste que, dans un temps donné, la population noire y sera de beaucoup supérieure en nombre à la population blanche.[2]

Tout en voyant le péril qui se prépare, les États du Sud de l’Union américaine ne font rien pour le conjurer ; chacun d’eux combat ou favorise l’accroissement du nombre des esclaves, selon qu’il est intéressé actuellement à en posséder plus ou moins. Dans le Maryland, dans le district de Colombie, dans la Virginie, où commence à pénétrer le travail des hommes libres, on affranchit beaucoup d’esclaves et on en vend autant qu’on peut aux États les plus méridionaux. La Louisiane, la Caroline du Sud, le Mississipi, la Floride, qui trouvent, jusqu’à ce jour, un immense profit dans l’exploitation de leurs terres par les esclaves, n’en affranchissent point et s’efforcent d’en acquérir sans cesse de nouveaux. Il arrive fréquemment que, effrayés de l’avenir, ces États font des lois pour défendre l’achat de nègres dans

  1. Table statistique à la fin de l’Appendice.
  2. À la vérité, les États du Sud, tels que la Louisiane, la Caroline du Sud, le Mississipi, où se fait remarquer le plus grand accroissement des noirs, achètent des esclaves dans les États voisins, Tennessee, Kentucky, Virginie, Maryland. C’est une cause d’augmentation indépendante de la multiplication résultant des naissances. Mais ce qui prouve que cette source d’accroissement n’est point la seule, c’est que, dans les États voisins, le nombre des esclaves augmente aussi ; et ceux même où il diminue, tels que la Virginie, le Maryland, etc., ne le voient point décroître dans la proportion où il augmente ailleurs. V. Table statistique.