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droits politiques, quelle que puisse être leur extension, constituent en tous pays une sorte de privilége. Tous les citoyens libres n’en jouissent pas ; il est à plus forte raison facile d’en priver les esclaves : il suffit de ne pas les leur attribuer.

Aussi toutes les lois des États américains où l’esclavage est en vigueur se taisent sur ce point : leur silence est une exclusion suffisante.

Il n’est pas moins indispensable de dépouiller l’esclave de tous les droits civils.

Ainsi l’esclave appartenant au maître ne pourra se marier ; comment la loi laisserait-elle se former un lien qu’il serait au pouvoir du maître de briser par un caprice de sa volonté ? Les enfants de l’esclave appartiennent au maître, comme le croît des animaux : l’esclave ne peut donc être investi d’aucune puissance paternelle sur ses enfants. Il ne peut rien posséder à titre de propriétaire, puisqu’il est la chose d’autrui ; il doit donc être incapable de vendre et d’acheter, et tous les contrats par lesquels s’acquiert et se conserve la propriété lui seront également interdits.

La loi américaine se borne, en général, à prononcer la nullité des contrats dans lesquels un esclave est partie ; cependant il est des cas où elle donne à ses prohibitions l’appui d’une pénalité : c’est ainsi qu’en déclarant nuls la vente ou l’achat fait par un esclave, la loi de la Caroline du Sud prononce la confiscation des objets qui ont fait la matière du contrat.[1] Le code de la Louisiane contient une disposition analogue.[2] La loi du Tennessee condamne à la peine du fouet l’esclave coupable de ce fait, et à une amende l’homme libre qui a contracté avec lui.[3]

Du reste, quelles que soient la rigueur et la généralité des interdictions qui frappent l’esclave de mort civile, on conçoit cependant que le législateur les établisse sans beaucoup de peine. Ici encore il s’agit de droits qui tous sont écrits dans les lois. À la vérité, le principe de ces droits est préexistant à

  1. V. Brevard’s Digest of South Carolina, vº Slaves, p. 238.
  2. V. Digeste des lois de la Louisiane, 1828, vº Code noir, § 38.
  3. V. Statute Laws of Tennessee 1831. Vº Slaves, p. 316 et 318. Lois de 1788 et de 1819.