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le trésor confié à mon amour, un jeune combattant se présente, se jette entre nous et nos ennemis, dont il brave les fureurs, nous fait un rempart de son corps, s’avance dans le terrible défilé, attaque les gardiens du passage, désarme, renverse, brise tout ce qui lui résiste… Précédé de sa puissance tutélaire, je marche sans obstacle, je soustrais Marie aux outrages, je la protège contre toutes les violences, et ressens la plus douce joie qu’il soit donné à l’homme d’éprouver en dérobant à un affreux péril et en voyant renaître dans mes bras le charmant objet de mon amour.

Peu d’instants après nous fûmes rejoints par Nelson, James Williams et John Mulon, qui, malgré les luttes où ils avaient été contraints de s’engager, ne nous avaient pas perdus de vue.

« Ludovic ! ô ciel ! où sommes-nous ? » s’écria Marie en rouvrant ses beaux yeux que la terreur avait fermés, et qui semblaient se réveiller d’un long sommeil ; « Où donc est le temple, le ministre saint, mon père, la foule ? » Et son regard parut s’égarer autour d’elle.

« Mon bien aimé, reprit-elle, je ne sais rien, sinon que je te dois la vie. »

Puis, voyant Nelson : « Mon père ! ah ! je tremblais pour vos jours… dites… que s’est-il donc passé depuis que l’anneau de notre hymen est tombé des mains du prêtre de Dieu… J’ai eu une terrible vision !… des images de sang !… des cris de mort !… Georges ! Georges ! où est-il ? »

— « Il est là, » répliqua Nelson.

— « O mon Dieu ! il a perdu la vie, » s’écria Marie.

— « Non, ma fille, il a sauvé la tienne. »

Nelson nous apprit en effet que Georges était ce jeune homme intrépide qui, à l’instant du plus grand péril, s’était montré soudain, et nous avait délivrés par des prodiges de valeur et d’audace.

« Mes amis, dit Nelson, le ciel nous éprouve par de cruelles infortunes ; cependant la Providence, qui, en permettant un grand mal, nous a soustraits miraculeusement aux maux plus grands dont nous étions menacés, n’est-elle pas encore généreuse envers nous ? »