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LII.

« Ces belles forêts, ces magnifiques solitudes, ces splendides palais de la nature sauvage, il leur fallait pourtant un chantre divin ! Elles ne pouvaient tomber sous le fer de l’industriel sans avoir été célébrées sur la lyre du poète… le poète n’était pas chez les Américains… mais franchissant l’Atlantique, l’ange de la poésie a, sur ses ailes de flamme, transporté l’Homère français sur les rives du Meschacébé.

LIII.

« Tous les mondes sont le domaine du génie ! et il est de larges poitrines qui pour respirer à l’aise, n’ont pas trop de l’univers. Quelques années plus tard, l’hôte des sauvages allait, poète inspiré chanter des souvenirs sur les bords de l’Eurotas, et pèlerin pieux, adorer Dieu sur les rives du Jourdain !

Atala, Réné, les Natchez sont nés en Amérique, enfants du désert. Le Nouveau-Monde les inspira ; la vieille Europe les a seule compris.

Les Américains, quand ils lisent Châteaubriand, disent, comme en voyant la merveille de Niagara

« Qu’est-ce que cela prouve ? »

Tel est le peuple sur lequel j’avais conçu l’espoir chimérique d’exercer une poétique influence ! !

O cruel désenchantement ! Ainsi se brisait dans mes mains le rameau secourable auquel j’avais, durant le naufrage, rattaché ma dernière chance de salut !