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trouble des passions cupides, se donne tout entier à l’étude, l’aime pour elle-même, et jouit, dans le mystère, de ses nobles loisirs.

« L’Amérique ne connaît, ni ces brillantes arènes où l’imagination s’élance sur les ailes du génie et de la gloire ; ni ces cours d’amour où les grâces, l’esprit et la galanterie se jouaient ensemble ; ni cette harmonie presque céleste qui naît de l’accord des lettres avec les beaux-arts ; ni ce parfum de poésie, d’histoire et de souvenirs, qui s’exhale si doux d’une terre classique pour monter vers un beau ciel.

XLIX.

« L’Europe qui admire Cooper croit que l’Amérique lui dresse des autels ; il n’en est point ainsi. Le Walter Scott américain ne trouve dans son pays ni fortune ni renommée. Il gagne moins avec ses livres qu’un marchand d’étoffes ; donc celui-ci est au-dessus du marchand d’idées. Le raisonnement est sans réplique.

L.

« D’abord incrédule à ce phénomène, je supposais que Cooper avait peint de fausses couleurs les mœurs des Indiens, et que les Américains, juges d’un tableau dont l’original est sous leurs yeux, le condamnaient comme dépourvu de vérité locale. Plus tard j’ai reconnu mon erreur : j’ai vu les Indiens, et me suis assuré que les portraits de Cooper sont d’une ressemblance frappante.

LI.

« Mais les Américains se demandent à quoi sert de connaître ce qu’ont fait les Indiens, ce qu’ils font encore ; comment ils vivaient dans leurs forêts, comment ils y meurent. Les sauvages sont de pauvres gens desquels il n’y a rien à tirer, ni richesses, ni enseignements d’industrie. Il faut prendre leurs forêts, voilà tout, et s’en emparer, non pour faire de la poésie, mais pour les abattre et passer la charrue sur le tronc des vieux chênes.