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IV.

« Quel triomphe pour l’artiste grec ou romain, quand ses lascives peintures ou ses sculptures impudiques avaient exalté les imaginations ! Que la gloire du pontife chrétien était grande, lorsqu’il avait déposé dans les âmes quelques germes de croyance et de vertu !

« De notre temps, honneur à qui invente des machines ! là est le besoin des peuples !

« Caton et Brutus se donnaient la mort pour s’épargner la douleur de voir mourir la patrie ; le moyen-âge nous montre des martyrs de la foi et de l’honneur : l’industriel des temps modernes se suicide après banqueroute.

V.

« La méditation et la foi s’étaient, durant l’âge intermédiaire, créé un monde tout moral, mélange de religion et de philosophie, d’idées et de sentiments ; il se passait dans les consciences une vie intérieure, secrète, qui ne se révélait point au dehors : c’était la vie de l’âme avec toutes ses passions immatérielles, ses joies sublimes, ses douleurs profondes. Alors la main travaillait peu et le corps était pauvre à voir ; mais c’était l’âme qui était riche ! aussi elle ne se reposait point. Cette spiritualité de la vie s’est retirée du cœur des hommes ; à présent leur existence est tout extérieure. Leur corps s’agite incessamment à la poursuite des choses matérielles ; le temps se dépense en travaux utiles, et, de peur que la pensée ne trouble la main dans ses œuvres, l’âme s’est faite inerte et stérile…

VI.

« L’utilité matérielle : tel est le but vers lequel tendent toutes les sociétés modernes… Mais cette tendance, en Europe, lutte avec des souvenirs, des habitudes et des mœurs. Le présent subit encore l’influence du passé.

« Nous ne sommes point religieux, mais nous avons des