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cœur un ennemi cruel de votre gloire, de votre honneur, et de votre repos : en un mot, vous aimez, et qui ? un homme que des liens sacrés attachent à la plus respectable de toutes les femmes, à une épouse à laquelle il doit tout ; un homme qui ne pourrait partager vos sentimens sans devenir un monstre d’ingratitude, digne de votre mépris et de celui de toute la terre. Que le funeste secret que je vous découvre ne vous alarme point assez pour vous jeter dans un abattement qui serait dangereux ; ce qui est passé n’a pu vous rendre coupable : il était involontaire : c’est de l’avenir seul que vous devez répondre. Élevez-vous au-dessus d’une faiblesse qui ne dégrade que ceux qui y cèdent lâchement. Fuyez le malheureux objet qui l’a causée, et qui vous estime assez pour vous croire capable de cet effort. Oui, charmante Laure, il faut ne me revoir jamais ; en vous perdant de vue, je ne négligerai rien de ce qui peut vous rendre heureuse ; laissez-moi quel-