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Elle parut donc entrer dans les vues de son époux, et lui promit de placer Laure, ou dans un couvent, ou auprès de quelques-unes de ses amies, jusqu’au moment où elle pût l’établir.

Il y avait au milieu du jardin un salon isolé, qui était le centre de plusieurs allées : c’était dans ce lieu ouvert de toute part, que l’époux d’Armire se rendait chaque jour pour instruire Laure ; elle en vit prendre le chemin à Alindor, avant l’heure où cette jeune fille devait s’y trouver ; et, comme il n’y resta qu’un instant, et qu’elle le vit sortir du château, elle s’y rendit par une allée opposée à celle où la jeune fille devait y entrer. Son embarras ne fut pas médiocre ; lorsqu’elle aperçut qu’Alindor revenait sur ses pas, et qu’elle le vit s’asseoir tristement dans un lieu d’où il pouvait découvrir tous ceux qui entreraient dans le salon. Elle se cacha dans une charmille, et y resta un quart-d’heure, avec un battement de cœur et une inquiétude aisée à concevoir ;